Un conte zen en écho

Un beau diamant, tombé des mains d’une princesse, gisait dans un pré. Juste au-dessus de lui brillait une goutte de rosée, timidement accrochée à un brin d’herbe.

Le soleil les faisait étinceler et la modeste goutte de rosée admirait la pierre de noble origine. Un gros scarabée en promenade reconnut dans le diamant un personnage de haute origine.

Seigneur, mes hommages.

  • Merci mon bon, répondit le diamant avec hauteur.
    En relevant la tête, le scarabée aperçut la goutte de rosée.
  • Une de vos parentes, je présume ? Et il s’inclina une seconde fois.
    Le diamant partit d’un éclat de rire méprisant.
  • Quelle absurdité ! Déclara-t-il. Me mettre, moi, sur le même rang qu’un être
    vulgaire !
    Sa beauté n’est qu’imitation : elle brille mais ne dure pas. Et le diamant lança de tels
    feux que le scarabée fut ébloui. La pauvre goutte de rosée était humiliée.
    C’est alors qu’une alouette descendit en flèche et vint donner du bec contre le
    diamant.
  • Ah ! fit-elle désappointée, ce que je prenais pour une goutte d’eau n’est qu’un
    misérable diamant. Mon gosier est desséché, je vais mourir de soif.
  • Une de plus ou de moins… ricana le diamant.
    Mais la goutte de rosée venait de prendre une noble résolution.
  • Puis-je vous être utile, moi ? demanda-t-elle.
    L’alouette releva la tête.
  • Oh ! ma précieuse amie, vous me sauveriez la vie.
  • Venez, alors.
    Et la goutte de rosée glissa du brin d’herbe dans le gosier altéré de l’alouette.
    Voilà une leçon que je n’oublierai pas pensa le scarabée en reprenant sa promenade.
    Le simple mérite vaut plus que le rang et la richesse, sans modestie et sans
    dévouement.
    Il ne peut y avoir aucune réelle beauté sans cela.

Le mérite console de tout

Montesquieu